vendredi 22 juin 2012

Charia vs Démocratie


Essai sur la Charia

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1.      La charia, c’est quoi ?
2.      Les mouvements intégristes et la charia
3.      Les dangers de l’application de la Charia
4.      Le modèle turc, un leurre intégriste !
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1.    La charia, c’est quoi ?
La charia n'est pas un code, comme par exemple le code Napoléon en France. Ce sont des interprétations juridiques et éthiques, souvent divergentes, qu'au cours des siècles les théologiens ont données (et continuent de donner) des Écritures sacrées islamiques : le Coran et la Sunna.
Si nous considérons la constitution historique de la charia islamique, nous nous rendons compte qu’elle s’inscrit dans toute une évolution historique. Le Coran, autorité suprême en matière religieuse, ne constitue pas vraiment un texte législatif. Sur les quelque 6.218 versets qui le composent, 500 environ concernent la vie sociale, et 80 sont suffisamment précis pour fonder des règles juridiques concernant le culte (jeûne, pureté rituelle, interdits alimentaires), les mariages et les divorces, les successions et les tutelles des orphelins, la punition du vol ou de l’adultère…Cela est restreint. Le terme précis de charia n’apparaît d’ailleurs qu’une seule fois dans le texte coranique : « Nous t’avons mis sur une voie (sharî‘a)  selon un ordre ; suis-la, et ne suis pas les passions désordonnées de ceux qui ne savent pas » (XLV 18). Ce verset fait l’objet d’interprétations tendancieuses de la part des exégètes des courants intégristes qui font croire aux plus naïfs qu’il est nécessaire d’appliquer la charia comme code divin, ou cadre juridique complet, alors que le verset coranique parle au prophète de voie à suivre et non de code juridique à appliquer.
Le Livre saint, bien que rempli de directives morales et éducatives, ne fournit guère d’éléments pour la constitution d’un cadre juridique complet. Il n’est ni un code ni une Constitution. C’est un appel à tous les hommes, partout sur terre, où qu’ils soient,  pour que chacun d’entre eux cherche individuellement son salut, indépendamment du régime sous lequel il vit. Il garantit à tous les hommes la liberté de conscience : « Pas de contrainte en matière de religion » 
Quant à la Sunna, le deuxième pilier de la charia, c’est l’ensemble  des hadiths, attribués au Prophète, dont le nombre est impressionnant (entre 750 000 et 1 million selon les sources, mais à peine quelques milliers ont été sélectionnés pour servir de fondement à la charia). Tout le monde sait bien, musulmans compris, que la plupart des hadiths sont apocryphes. La preuve, plus de 98% parmi ces hadiths ont été rejetés par les exégètes. Si la plupart se réfèrent à des faits à caractère religieux et social qui seraient advenus à l’époque où le Prophète exerçait des fonctions de chef temporel et spirituel, d’aucuns sont tout à fait anecdotiques. L’authenticité des faits et gestes attribués au Prophète est très souvent contestable. Les historiens ont par exemple établi que certains propos censés venir de la bouche de Mohammed avaient été inventés de toutes pièces pour soutenir telle ou telle position dans les batailles idéologiques ou politiques d’une époque ou l’autre.
La charia en tant que concept, fait l’objet de controverses. Outre la polygamie et le port du voile, l’aspect le plus controversé du droit islamique est celui des châtiments corporels (hudud). Certains sont d’essence coranique. Il s’agit notamment de la peine de mort qui sanctionne le meurtre, de l’amputation de la main du voleur et des coups de fouet pour certains actes considérés comme délictueux. La lapidation, elle, n’est pas dans le Coran, où seul Satan (Iblis) est lapidé. Elle a été introduite sous l’influence de la religion judaïque. Pour ce qui est de la peine de mort infligée à l’apostat, celui qui renie l’islam, elle n’a pas non plus de fondement dans le Livre saint. Celui-ci proclame sans équivoque qu’il n’y a pas de contrainte en religion. » ; « Ô vous croyants ! Occupez-vous de vos affaires. Ne vous porte aucun préjudice celui qui s’égare, si vous êtes sur la bonne voie » ; « Si ton Seigneur l’avait voulu, Il aurait fait de tous les hommes une communauté unique. Or, ils ne cesseront jamais de vivre dans la diversité. »
Quant à la Constitution de Médine négociée par le Prophète en l’an 1 de l’hégire, entre toutes les composantes sociales de la cité-État, polythéistes, juifs et musulmans, elle ne constitue pas un argument en faveur des intégristes qui prétendent que les pouvoir spirituel et temporel n’ont jamais été dissociés en Islam. Dans ses 47 articles, il n’est nulle part question d’une religion de l’État. On peut dire qu’il s’agissait d’une Constitution plutôt laïque.
Le premier traité consacré à la charia est le Kitâb al-Umm, de Shâfi’î, mort en 804. Auparavant, soit près de deux siècles durant, les musulmans avaient vécu sans charia. Ils pourraient donc s’en passer de nouveau, et s’en porteraient d’autant mieux que sous les pesanteurs de l’Histoire, par le hukm al-ridda (la loi sur l’apostasie), inexistant dans le Coran, la charia a pris une forme terrorisante, incompatible avec la liberté et la démocratie. Sans charia tout le monde se porterait mieux.
  
2.     Les mouvements intégristes et la charia

Ce sont les mouvements intégristes de tous bords, (wahhabites, frères musulmans, autres sectes  dérivés de ces deux courants) qui veulent imposer la charia, ce qui est de nature à ouvrir la voie à la domination politique d’un clergé musulman qui ne veut pas dire son nom, parce que l’Islam en tant que religion est contre le cléricalisme, d’où la naissance de l’islamisme qui est un courant idéologique, issu de l’Islam.
L'islamisme et la démocratie sont totalement inconciliables. Pour l'islamiste, le législateur, c'est Dieu. Et c'est tout. Pour un démocrate, la souveraineté appartient au peuple. L'un dit : la souveraineté est transcendantale ; l'autre dit : elle est horizontale. Il y aura toujours cette pierre d'achoppement qu'est la charia. Même s'ils mettent une sourdine à l'application des hudud, les peines mutilantes, pour des considérations tactiques, les intégristes ne renonceront jamais à la charia, parce que dans ce cas là, ils devraient déclarer  solennellement que les  hudud sont obsolètes, ce qu’ils ne feront jamais.
Les intégristes peuvent par taqiyya, dissimulation tactique, temporiser. La charia les y autorise. Chiites, sunnites ou kharidjites se sont tous ménagé un tel refuge. Mais, sur le plan doctrinal, ils ne renoncent jamais.
Si  on demande à un islamiste : est-ce que, oui ou non, vous pensez que la sunna a force de loi ? Et que le hadith est authentique ? Et lorsqu'il commence à louvoyer, on lui présente le hadith suivant : "Quiconque change sa religion, tuez-le !" Est-il authentique ou non ? Il répondra qu'il est authentique,  alors qu’il est contredit par le Coran qui stipule que ceux qui changent de religion seront jugés dans l’au-delà et non pas ici-bas.
Les intégristes, parce qu’ils sont des adeptes de la terreur, optent naturellement pour toutes les interprétations rigoristes de l’Islam qui leur assurent la main-mise sur le dispositif législatif, au nom de Dieu !

Les mouvements intégristes s’opposent aux régimes dictatoriaux, en apparence, au même titre que  les opposants laïques, mais c’est une lutte pour le pouvoir, pour le contrôle des esprits et non pour leur libération. Les intégristes rejettent ces régimes parce qu’« ils sont impies »,        « n’appliquent pas la charia », et non parce qu’ils sont anti-démocrates et anti-populaires. La critique des gouvernants,  est une critique de leur légitimité religieuse. Elle n’a pas pour point de départ les droits humains mais les droits divins.
Selon un dicton arabe, deux singes ne peuvent pas jouer sur une même corde. C’est une bonne description de la lutte entre ces deux singes que sont les régimes de dictature arabo-musulmans et les mouvements intégristes. Cette lutte explique la transformation de la religion, dans ses manifestations populaires, en quelque chose de complètement hideux. La religion a toujours eu une forte dimension spirituelle et éthique. Elle s’est muée en une somme de rituels et, surtout, en une haine féroce de l’autre. L’autre, d’ailleurs, n’est plus seulement le chrétien, ou le juif. C’est aussi maintenant le musulman non pratiquant ou le musulman ayant une autre interprétation des textes sacrés !

Historiquement, les mouvements intégristes ont appauvri la pensée islamique et l’ont réduite à des rites contraignants en évacuant toute tentative  de réflexion philosophique. Aujourd’hui, cet appauvrissement s’est aggravé. La pensée religieuse qui émerge de l’islam aujourd’hui est dans un état profond d’appauvrissement, dans le sens où aujourd’hui nous en sommes arrivés à des questions telles que la fatwa sur l’allaitement d’adultes – et cela n’a pas été délivré par n’importe quel cheikh ordinaire, mais par le chef du département des Hadith de l’Université Al-Azhar.
Il y a pire. Certaines opinions, dans l’islam fondamentaliste, rejettent complètement la science moderne, l’Occident, et tout ce qu’il produit. Si vous poussez leur réflexion à sa conclusion logique, ils deviendront comme les Talibans sur ces questions.
Ils abordent les problèmes de façon dogmatique. Par exemple, dans une des fatwas Khuomeiny, parle d’un éventuel voyage d’un musulman dans une capsule spatiale. Il discute de la façon dont il doit prier, et comment il devrait déterminer la direction pour prier dans l’espace. Bien sûr, dans l’espace il n’y a pas de nord ou de sud, et les capsules spatiales orbitent à grande vitesse le long d’un cours fixe. De même, quand un musulman atteint l’espace, il y va dans une capsule spatiale russe ou américaine, dans la mesure où il n’existe aucune capsule arabe ou musulmane.
Le problème est que Khomeiny n’était familier avec aucune des réalisations des sciences, de la technologie ou des connaissances relatives à l’espace. Tout ce qui l’intéressait c’était de savoir comment un musulman doit se prosterner et prier, et comment il devrait jeûner quand il reste là pour une longue période de temps. Après cette discussion, Khomeiny est arrivé à la conclusion d’autoriser un musulman à prier dans l’une des quatre directions. De toute évidence, ce mode de pensée trahit son ignorance complète, car les directions sont une convention, il n’y a pas quatre directions dans la nature.
Les intégristes de tous bords sont opposés à des questions comme les bébés éprouvettes, ou aux innovations, par exemple dans le domaine du code génétique (ADN), des reproductions génétiques ainsi que d’autres percées et découvertes scientifiques. Ils n’ont aucune connaissance de la nature de ces sciences, comment les scientifiques y sont arrivés, et quelles sont les expériences qui les ont précédées. Ils n’ont aucune culture scientifique et ils sont radicaux dans ce domaine. Il en est ainsi pour les chiites, mais il existe des exemples aussi chez les sunnites, comme le cheikh Abd Al-Aziz ibn Baz, l’érudit religieux d’Arabie saoudite.
Le Mufti saoudien Abd Al-Aziz Ibn Baz a déclaré que la terre est plate et que tous ceux qui disent que la terre est ronde et qu’elle tourne en orbite autour du soleil sont des apostats. Donc, ils doivent être tués !!!Selon cette conception,  c’est plutôt le soleil qui fait le tour de la terre. Il nous fait revenir à l’astronomie ancienne, à la période pré copernicienne. Mais la grande catastrophe c’est que pas un seul des religieux ou des institutions universitaires dans le monde musulman, de l’Orient à l’Occident, de Al-Azhar à Al-Zaytouna, de Al-Qaradhawi à Al-Tourabi et des départements d’étude de la charia – pas un seul n’a osé dire à Ibn Baz à quel non-sens il s’accroche au nom de la religion islamique.
Les fonctionnaires des institutions religieuses, d’abord et avant tout Al-Azhar, les facultés de la charia, les départements de décrets religieux, et ainsi de suite sont dans un état de complète stérilité intellectuelle. Ils ne produisent rien sauf des décisions comme celle de l’allaitement maternel des adultes, la bénédiction avec l’urine de Mahomet, et la flagellation des journalistes.

3.    Les dangers de l’application de la Charia

L’idéologie joue un rôle important dans la croyance et le comportement des mouvements intégristes. Ils estiment qu’il est nécessaire que le règne de l’islam revienne dans les états arabes et musulmans comme il l’était au commencement. Après cela, ils veulent étendre le règne islamique sur le monde. Cette motivation est plus forte pour eux que les bases militaires américaines ou britanniques dans le monde arabe ou que la lutte contre le sous développement de leurs pays.

Quant à la compréhension qu’ont ces mouvements de l’application de la charia, elle pourrait se résumer au code pénal, soit la flagellation, la lapidation, l’amputation des mains et des pieds, la décapitation et ainsi de suite
Appliquer la charia cela signifie que vous imposerez l’impôt jizya aux chrétiens. Dans des pays arabes, l’Égypte et la Syrie par exemple, il y a des chrétiens qui furent martyrisés dans la lutte contre Israël. Que leur arrivera-t-il si nous mettons en place la charia? Seraient-ils considérés comme des martyrs ou non? Par ailleurs, l’ancien chef suprême des Frères musulmans en Égypte a explicitement demandé d’exclure les chrétiens de l’armée égyptienne au motif qu’ils sont des dhimmis.
D’autre part, lorsque la majorité sunnite établit un parti religieux sur une base sectaire, elle devient un exemple et encourage le reste des sectes à former leurs propres partis sur des bases religieuses contradictoires. Par conséquent, l’idée de former des partis sectaires sur une base religieuse contribue à l’effondrement de l’idée de citoyenneté. Ce n’est pas moins dangereux que de former un parti sur une base raciale, comme en Allemagne par exemple, car cela signifie un retour au nazisme.
La Charia institue une discrimination institutionnelle : qui n’est pas musulman est traité comme un être inférieur, méprisable. Ainsi il existe des gens qui ne sont pas égaux en raison de leurs croyances : il s’agit là d’une discrimination. Nous sommes en présence d’une véritable forme de « racisme confessionnel ».

 4.   Le modèle turc, un leurre intégriste !

Certains intégristes louvoient en faisant croire qu’ils sont sur la voie de l’expérience turque. Qu’en est-il en fait ?
L’expérience turque est un exemple très important. Toutefois, en dehors de la Turquie, les partis avec un caractère religieux considèrent que leur tâche est de ré-islamiser la société. Et s’ils prenaient le pouvoir – que ce soit par le biais d’élections ou d’un coup d’état – ils s’y accrocheraient en vue de mener à bien cette tâche. Leurs paroles sur le transfert pacifique et régulier du pouvoir sont tactiques et hypocrites, et on ne doit leur accorder aucun crédit.
La Turquie est le seul pays musulman fondé sur la laïcité en tant qu’idéologie et conviction. Au début de la République turque, on a déclaré qu’il s’agissait d’une république laïque, ce qui signifie qu’elle est religieusement neutre. C’est également le seul pays qui a créé un parti avec des fondements islamiques, mais qui est aussi démocratique et capable d’atteindre le pouvoir par des élections régulières, et de gouverner sans pour autant mener l’État vers la catastrophe.
Sans la laïcité de la Turquie, l’idée d’islamistes alternant au pouvoir avec d’autres partis serait impossible. La condition préalable qui a permis à la Turquie de produire le Parti justice et développement est qu’elle soit un État dont les racines sont laïques. Cela n’existe dans aucun autre pays arabe.
Lorsque nous regardons simplement le monde arabe, nous voyons qu’il est dominé par l’islamisme wahhabite et frère musulman qui sont des mouvements intégristes radicaux qui n’ont aucune conscience de l’état de sous développement où ce monde baigne
Le monde arabe consomme tout, mais  ne produit rien en dehors des matières premières. Que pouvons-nous attendre des Arabes sous le règne des wahhabites et des frères musulmans? Regardez le monde arabe d’un bout à l’autre; il n’existe pas de véritable valeur ajoutée à quoi que ce soit. Il y a une structure qui semble ne pas encourager la production et ne pas être en sa faveur. Qu’est-ce que nous produisons? Qu’est-ce que nous exportons?
Quelle est la relation des Arabes avec l’industrie pétrolière? Ils sont propriétaires du pétrole, mais ils n’ont rien à voir avec son extraction, son raffinement, sa commercialisation et son transport. Regardez les énormes installations pour la prospection du pétrole, son extraction, et son raffinage. Regardez les satellites des pays arabes, ils n’ont aucun contenu arabe. Je doute de la capacité des Arabes à produire un téléphone sans importer les pièces et les technologies dont ils ont besoin, et peut-être même les techniciens.
Il est difficile pour la mentalité arabe dans sa structure actuelle de produire la démocratie, mais cette mentalité n’est pas un attribut fixé pour l’éternité. On pourrait accepter un modèle ayant un succès de 30 pour cent, mais jusqu’à maintenant nous souffrons pour l’accomplir. Il est hors question que les mouvements intégristes arabes suivent le modèle turc. Leur modèle suprême, c’est le régime wahhabite en Arabie Saoudite ou le régime talibanesque en Afghanistan !
Il y a une démocratie sectaire au Liban, il s’agit d’un régime de quotas, et non d’une démocratie fondée sur la citoyenneté. Le régime politique au Liban empêche une dictature par le biais d’équilibres sectaires, mais il n’a pas accompli une véritable démocratie fondée sur la citoyenneté. L’Irak va dans le même sens. En Egypte, le mouvement démocratique est pris en tenaille entre les intégristes et l’armée. En Libye, l’intégrisme a complètement disloqué l’unité du pays. En Tunisie, le mouvement démocratique se bat avec acharnement contre les différentes factions intégristes pour instaurer des traditions démocratiques dans le pays
Les intégristes interprètent la démocratie à leur manière. Ils disent : Nous sommes la majorité et donc nous gouvernerons, et la démocratie c’est la règle de la majorité, et vous n’avez qu’à nous laisser gouverner, mais ils s’écartent de la vérité. En fait, la démocratie c’est la règle de la majorité et la protection des droits des minorités ; c’est surtout l’alternance au pouvoir que les intégristes n’acceptent pas en fait. Avec cette conception tronquée de la démocratie, l’État devra faire face à la division, à la guerre civile et à la ruine.
Depuis le ixe siècle, les ordres juridiques des différents états musulmans se sont considérablement modifiés. Une partie du domaine des activités humaines échappa à la compétence du droit religieux : ainsi le droit commercial, la fiscalité, le droit de la guerre. Le droit pénal est le plus souvent réformé – on ne coupe plus, sauf dans des cas rares, la main des voleurs. Les citoyens non musulmans (chrétiens ou juifs) jouissent d’un statut égal, le statut ancien prévu par le verset coranique IX 29 n’est plus appliqué. Que recouvre alors la charia de nos jours ? Le domaine principal où elle reste appliquée est celui du droit de la famille. Dans la plupart des pays musulmans, le mariage est régi par la charia. Le mariage d’une femme musulmane avec un non musulman reste prohibé. Il est exceptionnel que la polygamie soit explicitement interdite - comme elle l’est dans des pays comme la Turquie ou la Tunisie - même si les familles polygames sont extrêmement rares. Pour les mêmes raisons, l’héritage reste inégalitaire, les sœurs héritant la moitié de ce qu’héritent leurs frères.
De nos jours, la référence à la charia représente souvent une position, un marquage avant tout idéologique. Il s’annonce comme une affirmation d’identité, par exemple quand la constitution d’un État promulgue la charia comme référence suprême. En fait, la charia au sens classique du terme n’est intégralement appliquée que dans une minorité de sociétés, comme en Arabie Saoudite ou en Afghanistan. Plusieurs états s’affichent officiellement comme « République islamique », mais leur législation est en fait largement occidentalisée. L’accent mis sur des détails matériels (prohibition de l’alcool, imposition de vêtements féminins) vient souvent masquer la modernisation effective des autres domaines de régulation sociale.
Ce serait cependant une erreur que de minimiser la référence à la charia dans l’attitude des groupes intégristes qui en font leur cheval de bataille pour la domination des esprits et des sociétés où ils s’activent. Le combat que mènent ces groupes pour l’imposition de la charia n’est pas un combat pour le triomphe des idéaux de l’islam, mais pour le contrôle des sociétés et l’imposition d’un régime de dictature humaine au nom du droit divin. De même, la lutte de tous les démocrates et des défenseurs des droits de l’homme contre l’application de la charia n’est pas une lutte contre l’Islam comme une religion, mais contre les groupes intégristes et le régime dictatorial qu’ils veulent imposer.


Parti Tunisie Verte (PTV)

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